Bonjour Claude. Tout d'abord bienvenue aux JBD de Saint Saturnin. Pour cette édition 2020, nos visiteur vont avoir l'occasion de découvrir ta personnalité et ton univers pour la première fois. peux-tu te présenter en quelques mots ?
Bonjour à vous, merci de m’accueillir parmi vous.
Je suis né à Lunel au siècle dernier, issu d’un milieu ouvrier. Dès l’âge de 5 ans j’ai formulé le vœu d’être dessinateur de bande-dessinée, je suis aujourd’hui, auteur, c’est cool ! À l’instar de Guy Degrenne, je n’ai jamais cessé de dessiner sur mes classeurs, et dans les marges de mes devoirs. Je quitte le système scolaire conventionnel à 16 ans pour entrer aux Beaux-Arts. J’en sors deux ans plus tard par choix personnel. Je travaille alors en free-lance et opère dans la Comm, la pub, le web et l’animation en nourrissant toujours mon rêve de Bande-dessinée. Durant ce temps, j’organise des expos/ventes d’originaux et tableaux. En 2008, je signe chez Glénat pour réaliser le tome 2, tant attendu de “ Sasmira “ avec Laurent Vicomte puis dans le même temps, le tome 1 de “ Le destin des Algo-Bérang “ avec Jean-Blaize Djian puis le dernier tome de la série “ La balade au bout du monde “ avec Pierre Makyo. Aujourd’hui et depuis 4 ans, je développe ma propre série en auto-édition “ Les pierres sacrées d’Ellijahrhemkathum (phonétique : ÉLI Y A RÈME KA TOUME) “.
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Quel est ton dernier ouvrage paru
et quelle en est la genèse ?
Ma toute fraîche actualité est la sortie du tome 2 de
ma série « Les pierres sacrées d’Ellijahrhemkathum
– Le choix » paru grâce à un financement participatif
sur Ulule tout comme le tome 1 sorti en 2017.
Pour l’Histoire, c’est en 1990 grâce à ma rencontre
avec Serge Letendre que tout a commencé.
Il habitait alors près de chez moi. Nous avions
convenu d’un rendez-vous chez lui et pour ne pas
venir les mains vides, j’avais posé les premières
lignes de cette histoire que je livre aujourd’hui et
en avait dessiné 12 planches. Depuis, je n’ai cessé
de nourrir ce récit, de prises de notes, de croquis
et recherches durant 27 ans.
En 2014, après être passé par les éditions Glénat,
un poste de directeur artistique de studio FX et
animation puis enfin par une année dans les
locaux de Comics Buro, je décidai de me lancer en
auto-édition en créant ma maison d’édition, Atelier utopique.
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Comment travaille-tu, avec quelles techniques?
À proprement parlé, je n’en ai pas ou alors plusieurs que j’adopte en fonction de mon humeur du jour, de mes envies. Sinon, en règle générale, je construit un storyboard sur Post-it petit format puis je pars sur les planches au Bic orange que j’encre au feutres, plume, pinceaux tout y passe, c’est une question d’énergie, de moment. Je fais assez peu de croquis sauf pour des positions particulièrement compliquées où là, je peux passer du temps à chercher la bonne attitude et le bon geste.
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Tu es plutôt ordinateur ou papier ?
Les deux ! En fonction de l’humeur du jour, je peux réaliser mes storyboards sur tablette ou sur papier (Post-it). Sur certaines planches, il m’arrive de devoir recaler les choses, je scanne alors ma planche de rough orange puis la retravaille sur Photoshop. J’imprime cette planche en bleu et en A3 puis je l’encre. Une fois encrée et rescannée, je place mes bulles sur la planche informatique et passe à la couleur que je réalise dans Photoshop.
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Tu as été également formateur/storyboarder dans un studio d'animation. Une expérience intéressante ?
Absolument ! J’ai même terminé comme je l’ai dis plus tôt, Directeur artistique. C’était une véritable expérience extraordinaire ! Me retrouver aux commandes d’un studio dans lequel passe en fonction de la production des dessinateurs, des modeleurs 3D, des animateurs, des spécialistes FX, light et composing oui c’était pour moi qui suis de formation autodidacte une véritable reconnaissance de mon travail et de mes compétences. J’en garde un excellent souvenir et quelques bons amis.
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Quelle formation as-tu suivi et quel conseil donnerais-tu à celles et ceux qui voudraient suivre ton exemple ?---
Comme je viens de le dire, je n’ai bénéficié d’aucune formation. En revanche, j’avais depuis mon plus jeune âge, la conviction chevillée à l’âme que je serai dessinateur de Bande-dessinée. J’ai travaillé sans cesse depuis que j’ai quitté le système “ éducatif national “ à l’âge de seize ans. Je ne crois pas être un exemple à suivre comme je l’ai dis, la question de mon devenir ne s’est jamais véritablement posée du moins me concernant, pour le système ça, c’est autre chose.... Chacun doit suivre sa voie en écoutant son cœur et en travaillant sans relâche et sans trop se poser de question. Il faut rêver grand et nourrir ses rêves chaque jour.
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Peux tu nous parler de ton tout premier dessin publié et quel regard portes-tu sur lui aujourd’hui. ---
Je m’en souviens parfaitement ! C’était en 1985, Je peignai jusqu’alors les vitrines de commerces pour les fêtes de Noël, Pâques etc quand un réalisateur lunellois vient me commander l’affiche de son dernier film sur le milieu taurin camarguais.
L’imprimeur local Édouard Planchon paix à son âme
me trouve une patte intéressante et commence à
me faire travailler à l’illustration d’affiches diverses.
Bien évidemment, je signe chaque dessin.
De fil en aiguille et au fil du temps mon nom affilié
à mon dessin commencent à se faire connaître.
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Quelle genre de relation as-tu avec ton public lors
des séances de dédicaces et as-tu des anecdotes
à ce sujet ?
À cette question, je crois que mon public répondrait
mieux. Je pense être quelqu’un de généreux qui aime
à partager avec autrui. Certain(e)s diront que je suis
un tantinet volubile.
En ce qui concerne une anecdote, j’en ai une qui date
de mon tout premier salon d’Angoulême à l’occasion
de la sortie de “ Sasmira – La fausse note “.J’étais sur
le stand Glénat aux côtés de ces auteurs que j’admirai
adolescent. La foule devant mon pupitre était telle qu’il
fallu procéder à une distribution de tickets et à un tirage
au sort pour accéder à mes dédicaces. Autant dire que
je n’ai pas chômé ce jour-là. 20h00, l’heure de fermeture
des bulles, le vigile vient me signifier qu’il faut que
j’arrête les dédicaces et que je sorte, ils doivent fermer
les portes. Or, il y a encore cinq personnes qui attendent
leurs dédicaces depuis des heures. Ne pouvant pas les laisser ainsi, je leur dis de me suivre jusque dans la suite Glénat de l’hôtel Mercure. Là, suivi de mes cinq lecteurs j’entre et m’installe sur une petite table du salon sous les regards médusés de Jacques Glénat et des directeurs de collections. Les lecteurs sont repartis ravi.
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Selon toi la bd doit elle rester un pur divertissement ou peut-elle véhiculer des valeurs ou un « fond » qui te sont personnels. Si oui, lesquels ?
Les deux ne sont pas antinomiques, ils sont même nécessaires. Tout ne peut pas être que divertissement ou que transmission. Les deux se mêlent parfois, souvent !
En ce qui me concerne, je suis dessinateur non pas par pur plaisir du dessin mais avant tout pour transmettre et parler à l’autre. Avoir l’opportunité et les moyens de s’exprimer dans ce monde est une chance, il me semble être un devoir que de m’en servir pour parler aux cœurs des hommes, éveiller les consciences. Quant aux messages que je véhicule, la série que je développe en ce moment en est pétrie.
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Quel est l’artiste ou l’écrivain que tu estimes à la source de ta vocation et pourquoi ?
À vrai dire, ma réponse va certainement paraître bateau mais elle reste la vérité. Uderzo, c’est grâce à Uderzo que je découvre la bande-dessinée. En vérité, c’est grâce à mes parents que j’en viens à la BD, en effet dès mes 7 ans à chaque Noël, je recevais un Astérix. Au-delà du dessin virtuose de Uderzo, c’est aussi le fond que véhiculait les histoires de Goscinny qui me faisait rêver ou voyager. À l’âge de onze ans, revenant d’une séance de cinéma, je découvre chez mon dealer de caramels le “ Strange N°80 “. Subjugué par cette vue en contre-plongée de Captain Marvel tenant l’homme fourmi dans la main, je tombe comme beaucoup sous le charme de la maison des idées. À mon entrée aux Beaux-Arts de Nimes, j’ai 16 ans et découvre la BD franco-belge avec “ la quête de l’oiseau du temps “, “ La balade au bout du monde (dont je réaliserai deux chapitres sur “ L’épilogue “) “, “ Les eaux de Mortelune “ de l’ami Philippe Adamoff et enfin Bilal avec toute sa série en collaboration avec Pierre Christin. Plus vieux, je découvre le travail de Albert Dubout qui influence un temps mon travail au point où l’un de mes premiers articles de presse me vaut le titre de, je cite : “ Le nouveau Dubout “ – Midi-Libre 1988. La peinture impressionniste de Monet, Manet, Frédéric Bazille, Berthe Morisot ainsi que le travail de Degas, Van-Gogh et surtout Toulouse-Lautrec me nourrissent. Le cinéma est aussi une source d’inspiration et bien évidemment depuis un certain jour de 1977 où Georges Lucas à changer la narration et l’industrie du cinéma. Comme je l’ai dis, je suis curieux et un boulimique d’expérience et de connaissance.
Sur quel projet travailles-tu actuellement ?
Je suis sur le développement scénaristique du tome 3 des Pierres sacrées d’Ellijahrhemkathum. Parallèlement à cela, je viens de réaliser le dernier
chapitre de la BD de Montpellier chez “ Petitàpetit “. En ce moment, je
travaille sur un chapitre pour Narbonne chez le même éditeur.
Sinon, je prépare une série ado/Jeunes adultes mais je n’en dirais pas
plus pour le moment.
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Quel regard portes-tu sur ton parcours artistique : bienveillant, fier,
critique... ?
À vrai dire, je suis trop jeune pour regarder en arrière. J’ai toujours des
projets à mener et c’est en me fixant des objectifs d’avenir que j’ai toujours
fonctionné et que j’avance mais bon, pour répondre à la question, je dirai :
Je suis ce que je suis grâce aux choix et sacrifices auxquels j’ai consenti.
Cela me rempli de joie et de bonheur “.
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Et pour conclure, en plus de la BD, quelles sont tes passions ?
La musique, je suis batteur.
Le cinéma, La peinture, le modelage, Je ne peux faire ici une liste
exhaustive, tout me passionne mais pour faire court, je dirai que ma plus
grande passion, c’est la Liberté.
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Interview réalisée par messenger le 20 janvier 2020
L'interview
Claude PELET
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