Bonjour Fred. Et bienvenue à cette nouvelle éditions des Journées de la BD.
Ton style de dessin réaliste semble avoir trouvé beaucoup de débouchés dans tout ce qui est scientifique ou historique. Est-ce par gout personnel ou plutôt lié
aux circonstances, aux propositions de travail ?
Je suis issue d'un domaine scientifique. J’ai fait des études de géologie ou j'ai
obtenu ma maîtrise en géophysique et géologie fondamentale appliquée.
En 97 j’attendais 2 réponses. L'acceptation en DEA de sédimentologie à
Toulouse ou la réponse d’une maison d'édition a l’envoi d’un book.
La maison d'édition a réagi en premier. Mon choix s'est fait ainsi. J’ai donc bossé
13 ans dans l’illustration naturaliste. Les contrats s'enchaînaient.
J illustrais des ouvrages entier sur la faune et flore pour les parcs nationaux,
musées, éditions naturaliste, onf etc.... donc je travaillais en étroite collabora-
tion avec les scientifiques qui visionnaient mon travail avant toute validation.
Puis burn out. 15 à 20h de travail par jour à enchaîner les commandes sans
vacances, ni weekend, ni congés maladie ça use.
J ai perdu d’un coup toute aptitude au dessin. Alors j'ai été graphiste indé-
pendant puis salariée, j’ai ouvert une boîte de com... Bref.. une pause dessin
le temps de réapprendre.
Puis au détour d’un salon j’ai fait une rencontre: Crisse qui m’a proposé un
scénario. Je n'avais jamais fait de bd et j' avais encore beaucoup de mal a
réapprendre le dessin. Bref le projet monté en 1 an a été refusé.
Puis j’ai fait d’autres rencontres comme Sokal avec un très bref travail sur
Sybéria, puis les Editions Joker. Puis j’ai bossé. Beaucoup bossé. Et un jour Petit à Petit me propose mes premiers vrais contrats BD. Il m’a donné ma chance et j’oublierai jamais…
Petit à Petit est un éditeur spécialisé dans l'Historique, et c’est ainsi que j'ai continué
d’ évoluer dans un monde scientifico historique mais dans la bd. Et c’est passionnant.
Quel est l’artiste ou l’écrivain que tu estimes à la source de ta vocation et pourquoi ?
Personne en particulier. Ou tout le monde... c’est pareil. L’amour du livre de façon générale, du papier, de l’encre,
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Idéalement, sur quel type de BD personnelle aimerais-tu avoir l'opportunité de travailler?
2 envies complètement opposées.
Du scénario d’abord mais de l'humour noir à la Franquin. Du cynique et du grinçant. Du qui pique.
Et en dessin Paris Londres dans les années 20. Les années folles, les orchestres de jazz, les robes tubes et froufrous sous fond d’intrigue policière.
Quel regard portes-tu sur ton parcours artistique : bienveillant, fier, critique... ?
Insatisfaite éternellement.
Critique toujours
Fière un peu.
Mais convaincue d’avoir fait le bon choix malgré la dureté de ce métier ingrat et impitoyable qui peut vous broyer comme vous encenser.
Tu apparais aussi ici ou là en tant que coloriste.
Comment travaille-tu tes planches, avec quelles techniques?
Quand j'etais illustratrice naturaliste je mettais mes dessins en couleur en tradi. A l’acrylique. Le burn out m a fait tout oublier et depuis c’est a l'ordi que je pose mes couleurs . Sur photoshop.
Quelle genre de relation as-tu avec ton public lors des séances de dédicaces et as-tu des anecdotes à ce sujet ?
Je suis une réfractaire des salons. J’étais ? …. Depuis 97 je les ai tous refusé. Trop de travail, pas le temps, pas rémunéré alors qu'il s'agit quand même de bosser pendant 2 jours. C'est donc le second salon que j'accepte depuis 1997 car invitée par François. Le premier que j’ai accepté date du mois d’octobre. Le festival de Brignais . Cela faisait 3 fois que je refusais puis à force me suis liées d'amitié avec l'organisateur et j'ai finalement accepté. Et je n'ai pas regretté même si je suis pas du tout à l'aise avec les gens . Plutôt ours solitaire un peu bougon, souvent ronchon. C'est le métier qui veut ça. Un métier très solitaire. Je passe mes journées dans un silence quasi monacal. Depuis 20 ans.... donc très mal à l'aise quand il y a trop de monde. On perd vite l’habitude de communiquer. Et puis je suis toujours étonnée de voir des gens s’intéresser à mon travail ce qui me gêne davantage encore. Mais paradoxalement une fois que le salon est fini ça me manque. Ça rebooste.
C'est très curieux en fait...
Donc .. non pas trop d’anecdotes…
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Interview réalisée par mail le 29 janvier 2020
L'interview
Fred LEVY
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