Julie, tout d'abord bienvenue parmi nous en tant

que nouvel auteur. Vous venez de publier votre

dernier album : Morocco Jazz. Quelle en est l’histoire ?

 

Morocco Jazz est un roman graphique à l'aquarelle, qui raconte l'histoire

de trois femmes casablancaises qui partent en quête de leur destin, et qui se

heurtent aux attentes de leur entourage.

Les années 50 sont des années de bouleversement, avec la chute des empires coloniaux ; mais c'est

aussi le plongeon dans une ère moderne, où les femmes veulent redéfinir leur place dans la société.

Cette bande dessinée livre donc des récits d'indépendance, qui se croisent au détour des pages : désir d'indépendance du peuple marocain, qui secoue le joug du protectorat français, et désir de choisir et d'assumer leur vie, pour les femmes de cette époque.

Les événements que je raconte paraissent appartenir au passé : mais l'histoire se répète, et imprègne toujours nos vies. C'est cela que je voulais explorer, et faire partager à mes lecteurs... Sur un air de jazz, qui noue et déploie émotions et légèreté dans un même souffle.

 

Sur cet album vous avez à la fois écrit l'histoire et réalisé les dessins. Ce n'est pas le cas de votre série d'albums "les mystérieux mystères insolubles".Quel « plus » ce travail en solo  vous a-t-il apporté ?

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J'adore dessiner les histoires de mes amis scénaristes ; mais structurer une histoire, faire vivre les personnages, et les faire dialoguer... C'est indéniablement ce que j'ai fait de plus passionnant dans ma carrière de bédéaste.

Et j'espère bien y revenir ! Enfin, si aucun scénario encore plus excitant n'atterrit tel un ovni sur ma table entre-temps....

 

Quelle formation avez-vous suivi en tant qu’artiste et quels conseils

donneriez-vous à ceux qui voudraient suivre votre exemple ?

 

J'ai suivi une formation de dessin académique très intensive, pendant plusieurs

années, à Lyon. L'avantage, c'est que j'y ai appris à manier de très nombreuses

techniques, et que je peux passer très facilement d'un style de dessin à un autre.

Par contre, j'ai travaillé le scénario en autodidacte, sur le tard...

Même si j'ai toujours aimé écrire et dialoguer ( j'ai écrit auparavant un album,

Peter au Royaume d'En-dessous, et une bande dessinée d'humour noir, le Petit

Documentaire sur la Mort. )

 

Y-a-t-il une recette magique pour réussir un album… ou a défaut sur quel aspect

de votre travail êtes-vous le plus attentif ?

 

Les conseils que je pourrais donner ? Eh bien, la question est multiple !

Cela dépend complètement du genre de bande dessinée que l'on veut faire !

Pour moi, l'important est d'aller sans cesse à la rencontre des autres, car toutes

leurs expériences m'enrichissent. De travailler sans cesse le dessin, la narration,

l'écriture, la documentation... et surtout de ne pas oublier les sentiments que l'ont

veut faire passer auprès des lecteurs.

 

Quelle genre de relation nouez-vous avec votre public lors des séances de dédicaces

et avez-vous des anecdotes à ce sujet ?

 

Pour moi ce sont toujours de supers moments ! Surtout quand les lecteurs surmontent leur timidité pour échanger, et raconter ce qui les passionne.

 

Comment travaillez vous, avec quelles techniques et ou trouvez vous votre inspiration ? 

 

Je travaille en ce moment le plus souvent à l'aquarelle, mais j'aime tout autant les crayons, le fusain, l'acrylique, la gouache, l'ordinateur... Tout ce qui me tombe sous la main, et qui me paraît refléter au plus près l'ambiance de l'histoire sur laquelle je travaille.

 

Selon vous la bd doit elle rester un pur divertissement ou peut-elle véhiculer des valeurs ou un « fond » qui vous sont personnels. Si oui, lesquels ?

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Honnêtement, il y a tellement de livres qui sortent... J'ai réalisé beaucoup de commandes autrefois, mais j'ai la chance aujourd'hui de toujours travailler sur des récits qui me portent, et qui promeuvent des valeurs auxquelles je peux totalement adhérer.

La tolérance et la compréhension envers les autres sont les plus importantes à mes yeux. Elles permettent d'ailleurs souvent de relativiser nos propres problématiques... Et d'élargir le champ des possibles qui sont à notre portée, mais qu'on ne parvient malheureusement pas toujours à discerner !  :D

 

Quel est l’artiste ou l’écrivain que vous estimez à la source de votre vocation et pourquoi ?

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Ha ! J'aime tellement de styles d'écritures et de récits différents, que je me sens tout simplement incapable de choisir ! Là, vous me torturez !  :D

 

On retrouve votre signature également en tant qu'illustratrice sur de nombreux ouvrages tels que livres pour enfants etc. Quelle place cela a-t-il dans votre parcours d'auteur BD ?

 

Eh bien, sans compter les propositions de travail qui échouent sur ma table à dessin, j'ai toujours eu des idées de récits pour adultes et pour enfants.

 

Sur quel projet travaillez-vous actuellement ?

Je dessine en ce moment un récit écrit par Estelle Dumas sur le siège de Sarajevo : une histoire passionnante, à la fois humaniste, drôle et dramatique, qui sortira chez Futuropolis en 2019.

Mais je ne peux m'empêcher de travailler à mes heures perdues sur un projet d'album jeunesse, que j'ai écrit et qui me tient également à cœur.

 

Quel regard portez-vous sur votre parcours artistique : bienveillant, fier, critique... ?

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Je trouve que par manque de confiance en moi, par le passé, j'ai perdu énormément de temps dans ma carrière ; j'ai souvent redouté de ne pas être à la hauteur, ce qui m'a mis des bâtons dans les roues.  Alors que logiquement, si on me proposait ces projets, c'est que j'étais parfaitement apte à les réaliser, n'est-ce pas ?

Mais depuis, je me rattrape ! ;D

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Interview réalisée par mail le 08 février 2018 exclusivement pour les Journées de la BD